• 2011 -Melancholia

     

    «Qu’on aime ou non les précédents films de Lars von Trier, rien ne laissait attendre la sidération de Melancholia» Cahiers du Cinéma 

     

     

    Rôle : John
    Réalisateur :
    Lars Von Trier
    Avec
    : Kiefer Sutherland, Charlotte Gainsbourg
    , John Hurt, Kirsten  Dunst, Charlotte Rampling, Stellan Skarsgard et son fils
    Alexander Skarsgard
    , Udo Kier, Brady Corbet
    Lieux de tournage
    : Trollhättan, Västra Götalands län, Suède
    Musique : Tristan et Iseult - Richard Wagner


     

     

    Melancholia

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    Suite... Melancholia

    Sortie du film fin mai 2011 en Suède, 4 juillet 2011 (La Rochelle Film Festival), 23 juillet 2011 (Ciné-Rencontres de Prades) et 10 août 2011 en France, 30 septembre en Angleterre et 11 novembre aux USA.

    Production Les Films du Losange en France et participation de Canal+

    Gagnante meilleure actrice – Kirsten Dunst – festival de Cannes 2011 / sélection officielle – festival de Cannes 2011 / sélection officielle – festival international du film de Toronto 2011.

    Meilleur film au 24e European Films Awards le 3 décembre 2011 à Berlin. 

    Film de l’année 2011 par la société nationale des critiques de films américains (NSFC)

    Enjoy it while il last : profites-en tant qu’il est encore temps

       

     Plus de photos : empireonline.com 
    Pour la sortie du film en Angleterre (fin septembre 2011) , une série de « character posters », ces affiches personnalisées mettant en avant les acteurs principaux

    Interview Kiefer Sutherland 2014 :

    Vous avez travaillé avec Lars von Trier sur Melancholia, donc avez-vous eu à aller à l'étranger pour trouver de bons films à faire? Eh bien, Lars Von Trier - si vous avez la possibilité de le faire, alors faites-le. Faites-moi confiance ! C'est l'une des expériences les plus intéressantes que vous n’aurez jamais dans votre vie. Je l'aime absolument. Je pense que c'est un cinéaste extraordinaire et un homme extraordinaire. Auriez-vous joué dans son nouveau film, Nymphomaniac ? Je ne l'ai pas encore vu. Je pense que Willem Dafoe a dit que vous ne pouvez pas faire un film avec Lars Von Trier, sauf si vous êtes nu dans le film ou que vous êtes en marche nu autour du terrain de golf avec lui. D'une façon ou une autre, il va te voir nu. C'est vrai. Cela va juste arriver. channel24.co.za

     

    2013 -The Reluctant Fundamentalist (L'Intégriste malgré lui)

    Synopsis :  

    Une planète nommée Melancholia se dirige droit vers la Terre et menace d’entrer en collision avec elle…

    Ce film raconte l’histoire d’une jeune femmme (Kristen Dunst) qui se marie dans la luxueuse maison de sa soeur (Charlotte Gainsbourg) et de son beau frère (Kiefer Sutherland) alors qu’une planète va détruire la terre.

    Alors que le fossé se creuse entre les deux sœurs, que les conflits familiaux éclatent au grand jour, et que la fin du monde approche, la planète Melancholia s’apprête à s’écraser sur la Terre. 

    Le film se découpe en deux partie, l’une concentrée sur Justine, le personnage interprété par Kirsten Dunst le soir de son mariage, et l’autre sur sa soeur « Claire » (Charlotte Gainsbourg), aussi terrienne que sa soeur est lunaire. Une histoire de famille donc mais une histoire cosmique aussi puisque, comme dans le film de Terrence Malick, les planètes et les éléments font partie au scénario. Ici, c’est une planète, « Melancholia », qui menace de percuter la terre. Angoissant donc. Une très belle esthétique, des actrices très convaincantes et un vrai final. Le final a été applaudi mais aussi hué en projection presse. Sources : TF1 News (18 mai 2011)

     

    Le film commence par un prologue aux images fortes, accompagnées d’une musique non moins forte – du Wagner bien sûr.

    L’apocalypse arrive sous la forme d’une énorme planète et toutes les lumières s’éteignent subitement. Une famille est en train de fêter un mariage. Au début de l’intrigue, Lars von Trier se sert de cette famille comme d’une métaphore pour explorer le désespoir de la vie dans un monde sans espoir. Des sentiments forts comme la panique, la peur entrent en collision avec l’absence de valeurs et la folie des grandeurs - un combat sans merci pour obtenir un minimum de bonheur. La mariée, désorientée et dépressive à ses heures, espère que l’union sacrée du mariage lui permettra de reprendre pied dans la vie, de s’orienter.

    Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg, John Hurt, Kiefer Sutherland, Charlotte Rampling et Stellan Skarsgard, une distribution brillante de personnalités qui tournent sans pitié le couteau dans la plaie. En deuxième partie du film, le gouffre s’élargit et débouche en une forte intimité entre deux personnages : Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg. Un duo de femmes qui devient, en fin du film, un trio après l’entrée en scène d’un enfant. (Arte.Tv)

      2011 -Melancholia 2011 -Melancholia

     

    2013 -The Reluctant Fundamentalist (L'Intégriste malgré lui)

    Le film :

    Melancholia, que Lars Von Tier  définit comme un film catastrophe à dimension psychologique, désigne le nom d’une planète dont la trajectoire la rapproche dangereusement de la Terre.

    «Dans « Melancholia » Je commence par la fin. Parce que ce qui est intéressant n’est pas ce qui se passe, mais comment ça se passe! » dit-il.

    Il se concentre ensuite sur l’histoire d’une femme (Kirsten Dunst) qui traverse une grave dépression à la suite de son mariage. Après avoir entendu les inquiétudes de son jeune neveu concernant la collision imminente de la terre avec une autre planète, elle va tenter de le rassurer en lui parlant d’une « grotte spéciale où il peut être en sécurité. »

    Lars Von Triers a confié: "Comme vous avez pu le voir dans la bande-annonce, la planète Melancholia est dix fois plus grande que la terre et j’aime l’idée qu’elle « avale » la Terre. Je pensais que ce serait plutôt sympa. Et j’ai lu aujourd’hui que c’était en fait une vertu du romantisme de vouloir être purifié par la mort. En fait, le film contient beaucoup des idées de base du romantisme. Je dis juste que beaucoup de films aujourd’hui font une interprétation très ennuyeuse du romantisme…" .

    Ici, l’imprévisible cinéaste danois s’attaque à la science-fiction avec un opus sur… la fin du monde.  Comme à son habitude, le tournage s’est déroulé sans répétitions et dans l’improvisation de scènes.

     

    Kiefer Sutherland, Kirsten  Dunst ...

     

    2013 -The Reluctant Fundamentalist (L'Intégriste malgré lui)

    CANNES, 18 mai 2011 : 

    Le réalisateur danois est un habitué du festival de Cannes mais c’est avec un film angoissé et mystique qu’il revient cette année, « Melancholia ». A l’affiche, Charlotte Gainsbourg (qui avait déjà joué dans Antichrist l’an dernier), Kirsten Dunst, Kiefer Sutherland et Charlotte Rampling.


    Un peu plus de deux heures séparent le mariage de l’apocalypse chez le cinéaste danois Lars Von Trier, qui en offre une merveilleuse vision onirique dans « Melancholia », présenté mercredi en compétition à Cannes.

    Le mariage de Justine (Kirsten Dunst), célébré dans l’immense château romantique de sa soeur Claire (Charlotte Gainsbourg), sombre avant même la nuit de noces, alors qu’avance vers la Terre la planète Melancholia, détournée de son orbite.

    « Melancholia », c’est à la fois cette étoile qui va provoquer la fin du monde et le mal qui ronge Justine, une enfant de Saturne minée par la dépression.

    Soutenue avec amour par Claire, la jeune femme reprend peu à peu le contrôle de sa vie, alors que sa sœur vacille et cale à l’approche de la fin, comme son mari incarné par Kiefer Sutherland (Le « Jack Bauer » de « 24 heures chrono »).

    « Ce n’est pas vraiment un film sur la fin du monde, plutôt un film sur un état d’esprit », a estimé en conférence de presse le réalisateur. Connu pour sa phobie de l’avion (il vient toujours à Cannes en camping-car) et ses comportements parfois provocateurs, Lars Von Trier, 55 ans, a avoué avoir traversé lui aussi « des phases mélancoliques et les avoir surmontées ».

    Kirsten Dunst a également confessé « une certaine connaissance de la dépression », mais aussi qu’elle se sentait plus forte après son travail avec Lars Von Trier.

    Lumineuse dans le film, malgré l’instabilité qui la ronge, elle est saisie d’abord en plein délire romantique inspiré par les lieux -un château suédois du 18e siècle au bord de l’eau.

    « Alors que le monde s’approche de sa fin et que la plus horrible des tragédies est sur le point d’arriver, elle devient de plus en plus forte », a relevé l’actrice.

    « Il y a peu de rôles féminins qui vous montrent à la fois folle et vulnérable, et étrange, et (où on vous dit) fais ce que tu veux. Mais cette liberté, parfois très effrayante, vous donne aussi une forme de bravoure que j’ai emportée ensuite avec moi sur d’autres projets ».

    Lars Von Trier « ne répond à aucune de mes questions sur les scénarios », a plaisanté Charlotte Gainsbourg, qui a déjà une certaine expérience du travail avec le cinéaste puisqu’elle avait été couronnée à Cannes en 2009 du Prix de la Meilleure interprétation féminine dans « Antechrist », précédent opus du réalisateur.

    Ravi de ses artistes, Lars Von Trier a lâché qu’il se verrait bien tourner la prochaine fois un porno de « trois ou quatre heures avec une de ces ladies »… D’autant que « Melancholia » est beaucoup moins sexuel que ses précédentes oeuvres.

    D’ici là, Lars von Trier, présent pour la neuvième fois en sélection à Cannes, se verrait bien décrocher une deuxième Palme d’Or après celle reçue, il y a onze ans, pour « Dancer in the Dark ». (AFP)

    22 mai 2011 : Kristen Dunst se voit décerner le prix d’interprétation féminine au festival de Cannes

    La controverse générée par Lars Von Trier lors du Festival de Cannes lui a probablement coûté la Palme d’Or (il avait mentionné sa sympathie pour Hitler lors d’une conférence de presse à Cannes). Mais Melancholia a valu à Kirsten Dunst le Prix de l’interprétation féminine du Festival 2011 (rappelons que Charlotte Gainsbourg l’avait obtenu en 2009 pour son rôle dans Antéchrist, également de Von Trier)

     

    Avant le début du tournage, Penélope Cruz s’était désistée à cause d’autres engagements et Kirsten Dunst a eu le rôle principal à sa place. «Notre collaboration a été une agréable surprise» confiait Lars von Trier. «Je trouve que c’est une sacrée actrice. Elle est beaucoup plus nuancée que je ne le pensais et elle a l’avantage d’avoir eu une dépression. Tous les gens sensés en ont eu une.» «Elle m’a beaucoup aidé. Elle avait pris des photos d’elle-même dans cette situation, et j’ai donc pu voir à quoi elle ressemblait. À quel point elle était présente et souriante, mais avec un regard totalement absent. Elle fait ça très bien.»

    Le film est présenté au festival du film International de Toronto du 8 au 18 septembre 2011

     

    2013 -The Reluctant Fundamentalist (L'Intégriste malgré lui)

    Avis :

    vivonscurieux.over-blog.com

    La première image est saisissante. Une pluie d’oiseaux morts qui tombent littéralement sur le sol. Au centre de l’écran, le visage de Kirsten Dunst, plus déprimée que jamais, incarne avec grâce le personnage de Justine. Justine dite « la mélancolique », celle qui a du mal à trouver sa place dans le monde qui l’entoure.

    S’en suit une succession de séquences et de photos plus étranges et intrigantes les unes des autres. Nos repères sont bouleversés, nos bases dérangées. Sur une musique de Wagner (l’ouverture de Tristan et Iseult), on découvre avec effroi les visions de Justine sur la fin du monde. On assiste, impuissant, à une collision cosmique entre la Terre et une immense planète inconnue, Melancholia. La fin du monde est proche. On sait que le pire arrivera.

    Évocation de la mort également quand Kirsten Dunst apparaît allongée, voguant sur l’eau, en robe de mariée, un bouquet de muguet dans les mains jointes. Le regard agar, l’image est sublime. Lars Von Trier ne craint pas la référence : on pense évidemment à Ophélia, le personnage de la tragédie de Shakespeare dans Hamlet, et sa représentation par John Everett Millais, le célèbre peintre britannique.

    « J’ai toujours aimé l’idée de l’ouverture, le fait de commencer par quelques thèmes. J’ai imaginé à partir d’effets spéciaux ce qui se produirait lors d’une telle collision. J’ai trouvé amusant de sortir les images du contexte et de commencer par elles », précise le réalisateur danois.

    Justine n’a plus rien à perdre. Elle veut en finir avec ses doutes et ses angoisses qui lui minent l’existence. Elle se résout à devenir une femme normale, comme sa sœur Claire (Charlotte Gainsbourg) en se mariant avec Michael (Alexander Skarsgard). Mais le mariage est un rituel, une institution avec ses propres codes et ses propres normes auxquels Justine doit se soumettre. Tout se passe pour le mieux jusqu’au moment où elle ne parvient plus à se confronter à ses propres exigences. Tout le monde lui demande si elle est heureuse. Ce n’est pas une question, c’est une injonction. Justine doit être heureuse. Ce mariage, c’est ce qu’elle a voulu, sa sœur lui a offert le plus beau qu’elle puisse espérer : une cérémonie exceptionnelle, deux cents invités et un cadre prestigieux.

    Justine a beau essayer de ne pas se prendre au sérieux, de s’amuser avec les codes du mariage en arrivant nonchalamment deux heures après le début des festivités, l’amertume et la mélancolie ressurgissent rapidement. Les beaux discours, les sourires de façade, le découpage du gâteau, tout ça sonne incroyablement faux aux oreilles de la jeune femme. L’absurdité de son existence lui éclate en plein visage et Justine s’enfonce un peu plus dans la dépression. Quand la nuit de noces arrive, elle ne peut tout simplement pas y faire face.

    Structuré en deux parties, le long-métrage de Lars Von Trier s’attache dans un deuxième temps au personnage incarné par Charlotte Gainsbourg.  Claire est à l’opposé de sa sœur Justine. Son mode de vie traditionnel la rassure. Parent d’un petit garçon, elle est mariée à John (Kiefer Sutherland), un riche homme d’affaires, personnage prosaïque et rationnel qui aime pouvoir expliquer scientifiquement chaque phénomène naturel, à l’instar de la trajectoire de la planète inconnue dans le système solaire. Mais quand Melancholia s’approche dangereusement de la Terre, les certitudes de son mari volent en éclats. Claire perd alors pied et les fondements sur lesquels elle s’était construite ne tiennent plus que sur un fil. La jeune femme est au bord du précipice.

    L’attention particulière accordée à l’esthétique du film participe à la réussite du long-métrage. Elle en fait sa force, elle magnifie un scénario minutieusement travaillé pendant deux longues années durant lesquelles le réalisateur danois a connu la dépression.

    Melancholia n’est pas un film. C’est une expérience cinématographique hors-du-commun qui se déroule sous nos yeux pendant plus de deux heures avant de finir en apothéose. La fin du monde selon Lars Von Trier est belle, impressionnante de réalisme et tragique ; en un mot, romantique.

    www.7sur7.be

    Melancholia de Lars Von Trier fait partie de ces films qui provoquent un torrent d’émotions difficilement explicables quand se déroule le générique de fin. Il faut digérer, y repenser, attendre que le talent du réalisateur, la beauté de ses images, fassent leur effet avant de se prononcer. On a donc attendu quelques heures avant de vous livrer notre verdict et il est très positif.

    Les premières minutes d’introduction, sur fond de Wagner, sont d’un esthétisme incroyable. Les deux actrices vedettes, Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg, sont sublimées par des ralentis, des costumes, une lumière magnifiques. Dans la première partie du film, on assiste au mariage de Justine (Kirsten Dunst), ravissante jeune fille atteint de mélancolie persistante. Sa tristesse la pousse à la solitude, à perdre ce qu’elle aurait pu construire.

    Son mariage est organisé par Claire (Charlotte Gainsbourg), sa soeur, au centre du récit de la seconde partie. Elle est plus terre-à-terre, est mariée, a un fils. Une planète baptisée Melancholia s’apprête à s’écraser sur la Terre. La mort est proche et les deux soeurs réagissent de manière très différente à la fin du monde.

    La première, déjà meurtrie et touchée d’un spleen profond, accepte la fin sans sourciller, abandonnant tout espoir, l’autre se raccroche avec inquiétude à sa famille, tente de fuir, s’intéressent aux prévisions scientifiques au sujet de cette planète, de faire en sorte que le moment soit le moins douloureux possible pour son enfant.

    Il y a une telle poésie, une telle beauté dans les images de ce film cosmique et angoissé (Kirsten Dunst en robe de mariée est époustouflante quand elle est filmée par Von Trier et ne parlons même pas de la scène montrant l’actrice, nue, au bord d’une rivière, caressée par l’unique lueur de la planète dangereuse) qu’on en est soufflé. 

    Signalons aussi la présence au casting de Kiefer Sutherland, qui n’arrive pas à empêcher le drame comme il sait pourtant si bien le faire dans 24 H Chrono et l’excellente Charlotte Rampling, maman des deux jeunes femmes, qui dit avec violence tout ce qu’une mère est normalement censée taire au sujet du mariage.

    Melancholia rend un peu triste, le spleen omniprésent est communicatif. A voir quand le ciel se couvre et que les nuages se forment.

    Lars Von Trier met la dépression en images de manière époustouflante. Il joue sur les symboliques, la lumière et les ralentis (les dix premières minutes du film sont, d’ailleurs, particulièrement incroyables) pour développer son sujet.

    En percutant la terre, cette planète gigantesque nous rappelle que personne n’échappe à la mélancolie, qu’on a tous en bouche, à certains moments de la vie, un goût de trop peu, d’absence, d’amertume et de regrets qui nous empêchent de voir le bon côté des choses.

    C’est dans le calme et la résignation qu’arrive l’explosion finale. On sort de là la gorge nouée, avec l’impression d’avoir assisté à l’apocalypse, à un drame dont on ne se relève pas. Melancholia, c’est une oeuvre d’art difficilement classable, qui mérite vraiment qu’on s’y arrête

    Sandra Mézière inthemoodforcinema.com

    Melancholia, c’est aussi le titre d’un poème de Théophile Gautier et d’un autre de Victor Hugo (extrait des « Contemplations ») et le titre que Sartre voulait initialement donner à « La nausée », en référence à une gravure de Dürer dont c’est également le titre. Le film de Lars von Trier est la transposition visuelle de tout cela, ce romantisme désenchanté et cruel. Ce pourrait être prétentieux (comme l’est « Tree of life » qui semble proclamer chaque seconde sa certitude d’être un chef d’œuvre, et qui, pour cette raison, m’a autant agacée qu’il m’a fascinée) mais au lieu de se laisser écraser par ses brillantes références (picturales, musicales, cinématographiques), Lars von Trier les transcende pour donner un film d’une beauté, d’une cruauté et d’une lucidité renversantes.

    C’est aussi  un poème vertigineux, une peinture éblouissante, un opéra tragiquement romantique, bref une œuvre d’art à part entière. Un tableau cruel d’un monde qui se meurt ( dont la clairvoyance cruelle de la première partie fait penser à « Festen » de Vinterberg) dans lequel rien n’échappe au regard acéré du cinéaste : ni la lâcheté, ni l’amertume, ni la misanthropie, et encore moins la tristesse incurable, la solitude glaçante face à cette « Mélancholia », planète vorace et assassine, comme l’est la mélancolie dévorante de Justine.

    « Melancholia » est un film bien heureusement inclassable, qui mêle les genres habituellement dissociés (anticipation, science-fiction, suspense, métaphysique, film intimiste…et parfois comédie certes cruelle) et les styles (majorité du film tourné caméra à l’épaule) .

    Un film de contrastes et d’oppositions. Entre rêve et cauchemar. Blancheur et noirceur. La brune et la blonde. L’union et l’éclatement. La terreur et le soulagement. La proximité (de la planète) et l’éloignement (des êtres).

    Un film à contre-courant, à la fois pessimiste et éblouissant. L’histoire d’une héroïne  incapable d’être heureuse dans une époque qui galvaude cet état précieux et rare avec cette expression exaspérante « que du bonheur ».

    Un film dans lequel rien n’est laissé au hasard, dans lequel tout semble concourir vers cette fin…et quelle fin ! Lars von Trier parvient ainsi à instaurer un véritable suspense terriblement effrayant et réjouissant qui s’achève par une scène redoutablement tragique d’une beauté saisissante aussi sombre que poignante et captivante qui, à elle seule, aurait justifié une palme d’or. Une fin sidérante de beauté et de douleur. A couper le souffle. D’ailleurs, je crois être restée de longues minutes sur mon siège dans cette salle du Grand Théâtre Lumière, vertigineuse à l’image de ce dénouement, à la fois incapable et impatiente de transcrire la multitude d’émotions procurées par ce film si intense et sombrement flamboyant.

    Télérama

    POUR

    C’est une histoire qui commence par la fin : la fin du monde. Cinq minutes d’ouverture, au sens opératique du terme, où Lars von Trier présente tous les motifs du récit avec une puissance symbolique rare. Sur les notes déchirantes de Tristan et Iseult, une mariée glisse au ralenti dans le courant d’un ruisseau, une mère et son enfant s’enfoncent dans l’herbe d’un parcours de golf, une planète engloutit la Terre. Ces cinq minutes renversantes lancent, en majesté, le film le plus accompli du cinéaste danois.

    Flash-back en deux mouvements sur les derniers jours de l’humanité. Justine, une jolie blonde au sourire factice, se marie dans un manoir luxueux. Quelque chose grince dans l’ordonnancement des festivités, et pour cause : la rumeur court que la planète Melancholia pourrait percuter la Terre ; et Justine souffre d’une grave dépression.

    On le sait depuis Virgin Suicides, le spleen sied au doux visage de Kirsten Dunst. Melancholia, via la musique de Wagner et l’omniprésence de la nature, est une ode au romantisme allemand. Mais comment ne pas penser à Gérard de Nerval ? Justine, reine de feu sans couronne, est l’inconsolée, porteuse du « soleil noir de la mélancolie ». Un astre ténébreux que tout oppose à sa soeur, Claire (Charlotte Gainsbourg, qui aurait mérité de partager le Prix d’interprétation à Cannes avec Kirsten Dunst), l’héroïne du second acte.

    Après un règlement de comptes familial façon Festen, le film bascule avec brio dans la science-fiction poétique. La vérité des êtres se dévoile à mesure que l’apocalypse approche. Et Lars von Trier délaisse sa misogynie pour signer deux admirables portraits de femme. Justine trouve enfin la paix dans le chaos, Claire ne peut se résoudre à disparaître car elle a beaucoup à perdre : son fils. Le petit garçon observe le rapprochement de la planète Melancholia à travers un téléscope bricolé avec un bâton et une tige de fer. Cette touche de simplicité dans une mise en scène au baroque grandiose est la plus belle trouvaille du film. Lars von Trier la renouvelle au moment du grand saut vers le néant. Justine et l’enfant bâtissent un modeste tipi de branches, abri dérisoire, mais qui leur permet d’affronter ensemble la disparition de toute vie. La scène est bouleversante : le monde meurt en beauté. S.D.

    CONTRE

    Certains admirent Lars von Trier comme d’autres aiment le rococo, l’art pompier ou le style nouille. Esthétiquement, Melancholia est, comme bien des films de l’auteur, apprêté et snob, encombré de ralentis exaspérants, de plans kitchissimes (des oiseaux morts glissant sur la silhouette de l’héroïne…) et de facilités musicales : ici Wagner qu’on se met, à force de l’entendre, à détester presque autant que le personnage de Woody Allen dans Meurtre mystérieux à Manhattan.

    Moraliste à la petite semaine (Breaking the waves), philosophe étriqué (Dancer in the dark, Dogville), Lars von Trier est devenu prophète apocalyptique. Avec, pour sujet, la fin du monde, thème bêtasson que l’on croyait réservé aux mauvais blockbusters hollywoodiens. Donc, le voilà qui observe interminablement ses personnages -- de pauvres pions qu’il méprise -- se dissoudre l’un après l’autre dans le néant. Jouissance totale : débarrassée de cette race nuisible -- les humains -, la planète pourra enfin, à ses yeux, devenir fréquentable…

    C’est la grande faiblesse de Lars von Trier cinéaste : n’aimer personne, pas même lui. Cette détestation universelle appauvrit sa pensée. Elle l’abaisse. Il existe des cassandres grandioses. Pas lui : nulle force, nulle grandeur n’émergent de son nihilisme, sinon la pose narcissique d’un ado attardé. Il y a deux ans, Antéchrist laissait deviner, au coeur de tout un fatras symbolico-psychanalytique, une vraie angoisse devant le couple et ses désastres. Melancholia marque un retour à un dandysme pompier, factice et vain.

    Samuel Douhaire, Pierre Murat

    Florence Colombani Le Point.fr

    Belle année où se rejoignent cinéma et métaphysique ! Après avoir observé la première étincelle de la vie (The Tree of Life), nous voici invités à contempler son ultime lueur dans le nouveau Lars von Trier. Melancholia apparaît comme le second volet d’un diptyque involontaire : Malick le mystique liait le miracle de la création du monde à celui de la naissance ; von Trier le dépressif condamne Justine (Kirsten Dunst) et sa soeur Claire (Charlotte Gainsbourg) à la destruction de leur planète… « J’ai voulu faire un film d’apocalypse, expliquait le cinéaste après son dérapage cannois (voir encadré), mais une apocalypse lente, poétique, presque discrète. » Résultat : une sublime ballade d’amour et de mort, d’une douceur qui surprendra les connaisseurs du provocateur danois.

    Son film précédent, Antichrist (2009), associait déjà la nature, Église de Satan, au mal absolu, prétexte pour surenchérir dans l’horreur - castration, excision… on en passe. Melancholia repose sur le même principe, mais déroule son histoire avec une simplicité bouleversante. Comme un opéra, le film a une véritable ouverture, un montage d’images énigmatiques, magnifiées par la Mort d’Isolde de Richard Wagner. Puis le mariage de Justine et du fringant Michael (Alexander Skarsgård) laisse la place aux jours passés entre soeurs avant la collision avec la Terre. « Chacune des soeurs est un autoportrait, admet von Trier. Claire représente ma part saine. Justine, c’est ma part dépressive, attirée par le néant, et qui pense toute relation à l’autre profondément inutile puisque vouée à l’anéantissement. »

    Il apparaît vite que Justine la dépressive avait profondément raison. Au point que l’on se demande si ce n’est pas la force de son mal-être qui a attiré tout contre la Terre la surface grisâtre de Melancholia… « La vie sur Terre est mauvaise, explique-t-elle dans une scène-clé, et il n’y en a plus pour longtemps. » Comme chez Nerval se lèvera donc le « soleil noir de la mélancolie », ici planète fatale qui s’invite dans le ciel de nos héroïnes. Si von Trier a montré ailleurs une indéniable tendance à la misogynie, il pose ici un regard magnifique sur son personnage central, beauté blonde un peu sorcière. Kirsten Dunst a reçu un prix mérité à Cannes pour son interprétation habitée du rôle, sans doute liée à ses propres tourments.

    « Au départ, le film était écrit pour Penélope Cruz, rappelle pourtant le cinéaste. Pour moi, le Sud, l’Espagne, c’est aussi un rapport au mal et à la douleur profondément catholique. » D’Espagne il ne sera point question. Comme toujours chez Lars von Trier, le film se déroule dans une Amérique de fantaisie : « J’avais en tête Indiscrétions de George Cukor, qui se passe dans un manoir de Philadelphie. C’est un film très drôle, dont Melancholia est une sorte de remake tragique. »

    La référence est inattendue, pour un film qui s’inscrit dans le genre du « film de fin du monde » du type Armageddon (1998). « Les films d’apocalypse sont en général américains, avec des immeubles gigantesques qui s’écroulent et des masses de figurants, reconnaît-il. Ici, le parti pris est inverse : il y a trois personnages, une maison isolée. » Avec son esprit sardonique, von Trier n’a pas choisi par hasard, pour le rôle du scientifique incapable d’arracher la planète à son destin tragique, l’homme qui a sauvé le monde tout au long de la série 24 heures chrono, Kiefer Sutherland... Si le cinéaste voulait renvoyer les films d’action à leur impuissance, son but est atteint : cette exquise pavane pour notre planète défunte est tout simplement son plus beau film.

    Critique du Figaro  par Éric Neuhoff

    Une mariée flotte dans sa robe blanche sur une rivière. Les chevaux se cabrent devant un pont. Charlotte Gainsbourg, son enfant dans les bras, s’enfonce dans la pelouse comme s’il s’agissait de sables mouvants. Dans le ciel, on dirait qu’il y a deux lunes. Le prologue, sur une musique de Wagner, est sidérant de splendeur. Une planète menace de s’écraser sur la Terre. Kirsten Dunst, le regard ailleurs, vient d’épouser quelqu’un qu’elle néglige déjà. Au milieu de la nuit, elle fait l’amour avec un invité dans le parc. La noce tourne au combat à mains nues. Les familles sont des nœuds de vipères. La dépression guette.

    Même Kiefer Sutherland, rescapé de 24 Heures , ne réussira pas à sauver l’humanité. Les deux sœurs se frôlent, se percutent. L’une sait que la Terre est mauvaise, l’autre est terrorisée à l’idée de disparaître. Pendant ce temps, un gamin voudrait qu’on lui construise une cabane. Les hommes, eux, lâchent prise un par un.

    Parfois, le cinéma semble être un art. Il a été inventé pour des gens comme Lars von Trier, pour qu’on ait des films comme celui-ci. Melancholia envoûte, subjugue, déconcerte. Quand tout est perdu, il ne reste que les femmes. Elles se dressent comme des menhirs sur la lande. Elles sont debout, torturées, titubantes. Il neige en plein été. Des lianes s’enroulent autour des jambes de la désespérée. Dans le télescope, on voit l’avenir : il est sombre, incertain, menaçant. Quel choc ! La fin du monde ? Il n’y a rien de plus beau. Il faut attendre l’apocalypse en compagnie de Lars von Trier.

    thescreenaddict.blogs

    La proximité avec la menace n’a jamais été aussi affolante que dans Melancholia, qui met sur un même plan l’arrivée monstrueuse de l’astre destructeur et l’effondrement moral des personnages. La surpuissance évocatrice du film de Lars Von Trier repose sur son évidence confondante et l’immédiateté de ses sensations. Nul lyrisme facile ou pompeux ici, nulle mise en scène pompière et ronflante, seulement quelques humains face à la probabilité de leur disparition prochaine, incarnés par des acteurs en état de grâce (Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg à fleur de peau, deux facettes d’une même mélancolie, Kiefer Sutherland étonnamment vulnérable, dans une antithèse absolue de Jack Bauer). Leurs réactions sont les nôtres. La frontière entre le monde devant et derrière l’écran n’a jamais été aussi mince.

    Stéphane Delorme, Cahiers du Cinéma 669, juillet-août 2011   annapolis.blog.com.es

    … Dès le début Justine passe du temps dans la chambre de l’enfant de sa sœur. C’est lui qui bricole avec un fil de fer un instrument de mesure qui permet d’apprécier à quelle distance se trouve Melancholia. C’est lui qui s’endort, comme le font les enfants, lorsque la planète passe devant la Terre pour lui offrir le plus beau spectacle du monde. C’est lui enfin qu’il faut protéger face à la catastrophe imminente. Justine bricole autre chose, elle est la reine des cabanes, elle invente une cabane magique avec trois bouts de bois. Cette idée incroyable d’une cabane d’enfant dressée face à la catastrophe renvoie au néant de toutes les représentations spectaculaires que Hollywood a pu faire de l’apocalypse.

    Avec une conscience vertigineuse, Von Trier emboîte également tous les motifs iconographiques des mélancolies de la Renaissance : les instruments de mesure (télescope du père, fil de fer de l’enfant), les formes géométriques (la sphère de la planète, le triangle de la cabane), précipitant la fin de son film dans une accélération de la pensée qui nous laisse ébahi face à l’immensité de ce qui apparaît à l’écran. Le sublime est là parce qu’il y a Wagner, la planète plein cadre, et le grondement qui fait trembler les enceintes ; mais il n’est réel et ressenti, que parce qu’un enfant dans sa cabane donne un contrepoint à cette démesure et nous assigne à nous, spectateurs tremblants, une place face au désastre.


    Autres critiques :

    Les Inrocks
    Le Monde
    lemanucanalblog.com
    Première.fr

     

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  • Commentaires

    1
    kief61
    Mercredi 25 Avril 2012 à 16:01

    uquel travail ! !! trop complet ! bravo !!j'ai apprécié de rester quelques minutes, avec mon film préféré, et mon acteur préféré !

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    2
    jennyalice Profil de jennyalice
    Mercredi 18 Juillet 2012 à 10:52

    Merci. Un gros boulot oui, mais quand on aime....

    Ce blog est toujours en construction mais petit à petit!



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